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Le médecin technicien ou magicien

– LE POINT DE VUE DE L’ISLAM –

1 – Place du Médecin dans l’Islam

Le Coran n’évoque pas la place du médecin ou son rôle dans la société musulmane ; mais la fonction médicale et thérapeutique qui peut se déduire à la lumière de l’enseignement coranique est indiquée de façon indirecte dans le verset :

« Nous faisons descendre du Coran ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants » (Al Isra XIII-82).

La maladie est conçue en dichotomie entre maladie de l’âme et maladie du corps. La nécessité de soins de médecine découle de deux recommandations au Prophète de l’Islam (SAWS).

« Soignez vos maux, Dieu n’a pas fait descendre de maladie qu’il n’en ait aussi fait descendre le remède, à part la vieillesse… »

Le Coran qui affirme : Et leurs corps parleront ou plus exactement (Surate 41-V. 20-21 Fussilat) « Leur ouïe, leurs yeux, leurs peaux témoigneront… Et ils demanderont à leurs peaux : « pourquoi témoignez-vous contre nous ? » ils diront : C’est Allah qui nous fait parler, lui qui fait parler toute chose ».

Ce témoignage des corps sur les âmes fonde l’obligation de se soigner en Islam. Par ailleurs le respect absolu de la vie découle du Coran (V, 32 AL Maïdah) : « Quiconque tue une personne non coupable de meurtre ou de corruption, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. Et quiconque sauve une vie c’est comme s’il avait sauvé le genre humain ».

Dans ses nombreuses recommandations formant une véritable « médecine du Prophète » celui-ci a fortement préconisé une connaissance médicale expérimentale ou d’observation en recommandant d’aller chercher les sciences jusqu’en Chine.

Dans ce contexte l’image du médecin préconisé par l’Islam ne peut être que celui d’un Sage (Hakîm), connaissant les sciences expérimentales ou cachées. Le mot Tibben Arabe signifiait à l’origine aussi bien magie que médecine. Le Tabîb par la suite n’a eu pour signification que celui de guérisseur ou de thérapeute alors que le prestige du mot « Hakîm » (Sage) n’est réservé qu’au Savant, au penseur, au philosophe. Dans cette conception le médecin doit se présenter comme porteur d’une science (Ilm-Attib) en même temps que d’une pensée rationnelle (Aql), et d’une éthique religieuse extrêmement élevée. L’immensité de ces acquisitions a fait des grands médecins de l’Islam, des savants rompus à tous les domaines de la connaissance. Dans l’Arabie anté islamique le médecin guérisseur se contentait de quelques recettes d’herboristerie, d’une science orthopédique certaine mais aussi se prévalait de fonctions magiques et de contre-sorcelleries. Le nomadisme, la vie tribale, la rudesse et la précarité de mode de vie ont plutôt orienté le médecin vers l’acte d’urgence par exemple fracture, traumatisme, blessure etc, l’obstétrique étant laissé aux bons soins des accoucheuses.

A partir de l’Islam en 622, le médecin arabe allait peu à peu s’individualiser dans le cadre religieux. Les batailles du Prophète allaient stimuler le génie inventif des nombreux compagnons du Prophète dont certains persans rapportèrent de Bizance et de Babylone les connaissances des vieilles civilisations assyriennes, babyloniennes, akkadiennes etc… Plus tard de nombreux juifs, chrétiens-nestoriens, grecs, ou zoroastriens allaient avec les débuts de l’ère musulmane former les premiers cercles de connaissances médicales, chaque médecin éveillant peu à peu la curiosité de la première dynastie omeyyades (650-750) sur l’intérêt de s’entourer de bons médecins en cas de maladie. Il a fallu attendre le début de la dynastie abbasside pour que le calife Al-Mançour invite à Bagdad en 765 le fameux médecin perse Gurgis Ibn Bakhtichu. Ce grand médecin était issu de l’hôpital de la ville perse de Jundichapur.

Les Bakhtichu allaient durant six générations fonder à Bagdad une véritable école de médecine qui connut deux étapes dans son épanouissement :

1°) – Une étape de traducteurs,

2°) – A partir de Tabarî (né en 780) la grande école de Razès et des autres grands maîtres de la médecine arabo-musulmane.

L’ère des traducteurs commence par le grand Mésué Yuhanna Ibn Massaouih.

2 – L’Ère des traducteurs

C’est à Baghdad que le khalife AL MANSUR invite en 765 un fameux médecin Perse de JUNDI SHAPÛR, GURGIS IBN BAKHT-T’ISHU du grand hôpital (Bimaristân) de cette ville pour une consultation. Durant six générations les Bakhtichou fixés à Baghdad allaient s’illustrer comme les premiers grands médecins de langue arabe, et fixer à Baghdad la première tradition de médecine Arabe.

C’est en 685 que le premier livre médical est écrit en Arabe : il s’agit du Pandecte d’Aaron écrit par un médecin juif qui l’avait traduit d’un ouvrage d’Alexandrie.

Un autre Maître venu également de JUNDI SHAPÛR, le grand Yuhanna Ibn Massawih, le fameux « Jean MESUE » du latin médiéval (777-857) allait contribuer à cet essor médical et inaugurer l’ère des grands traducteurs des VIII et IX ème siècles. Son oeuvre encore mal connue en totalité eût un énorme retentissement dans toute la médecine médiévale de l’Europe. Son « Recueil des sentences médicales » (An-Nawadir at-Tibiya) reste encore célèbre pour ce qui fût de l’enseignement de la médecine durant des siècles. Descriptions nosographiques, sémiologie, thérapeutique et surtout pédagogique médicale et formation du médecin caractérisent son oeuvre.

Son élève HUNAYN IBN ISHAQ né en 808 à HIRA (Bas Euphrate) d’une famille chrétienne, est plus connu en Europe Latine sous le nom de JOHANNITUS. Le Biographe AL QIFTI écrit à son sujet : « c’était un chrétien de HIRA avide de s’instruire ».

Un jour son maître IBN MASSAWIH (MESUE), à qui il posait trop de questions, s’écria : « Mais qu’est-ce que les gens de Hira ont avoir avec la Médecine ? » et le chassa. C’est néanmoins HUNAYN qui rapporta après de longs périples et dans une extrême pauvreté les premiers textes grecs d’Hippocrate qu’il traduisit à Baghdad auprès du grand Médecin JIBRIL BAKHT-YISHU. Mais c’est aussi de HUNAYN surtout qu’on tient le premier serment médical qu’il proclama, après avoir refusé au Calife la préparation d’un poison mortel que celui-ci destinait à un ennemi. Emprisonné, HUNYAN fit connaître le premier serment arabe d’éthique médicale :

« Ma Science ne porte, écrit-il que sur les substances bénéfiques ; je n’en ai pas étudié d’autres. Deux choses m’ont retenu de préparer le poison mortel : ma religion et ma profession. La première m’enseigne que nous devons faire du bien même à nos ennemis, et à plus forte raison à nos amis. Quant à ma profession, elle a été instituée pour le plus grand bénéfice de l’humanité, dans le but exclusif de guérir et de soulager. En outre, comme tous les médecins, j’ai juré de ne donner à personne aucune substance mortelle ».

Parmi les oeuvres de HUNAYN, citons son KITAB AL MASAE-IL FÎ TIB (Livre des questions sur la médecine) qui est resté une des sources principales de la médecine du Moyen Age, tout comme ses nombreuses traductions en Syriaque puis en Arabe avec HUBAYSCH, son neveu, des oeuvres grecques d’Hippocrate (Aphorisme, Pronostics) et des seize livres de Galien. HUNAYN développe dans son MAS-IL, les théories de la Médecine, l’Anatomie, la Physiologie, la Pathologie et, une Sémiologie fort en honneur au Moyen Age.

Cette grande période de Traducteurs est également illustrée par YAHIA AN NAHWI (Jean le Grammairien), IBN HUBAYSH, ISSA IBN YAHYA élève de HUNAYN et ISHAQ IBN HUNAYN fils du précédent.

3 – Les Grandes Figures de la Médecine

Dans l’étude monographique qui va suivre, il m’est impossible de citer tous les grands auteurs arabes. Nous nous bornerons à évoquer de grandes figures dont le rayonnement médical scientifique, et spirituel appartient au patrimoine de l’Humanité tout entière.

1 – ALI IBN RAHBANE AT-TABARI est le premier de ceux-là, Né en 780 à MARW dans le Tabaristan en Perse et mort en 877, il est chrétien d’origine, mais s’installa à Baghdad sous les khalifats d’AL-MUTASIM et D’AL-MUTAWAKKIL et se fit musulman.

Son FIRDAWSU-L-HIKMAT (Paradis de la sagesse) est un Traité célèbre d’Anatomie accompagné d’une section de pathologie générale, d’obstétrique, d’uroscopie et de toxicologie. Des discussions de la saignée, du pouls et une importante Somme Dermatologique font de cet ouvrage la plus précoce des oeuvres originales des Arabes. L’autre originalité de TABARI est sa synthèse des connaissances Grecques, Persanes, et même Indiennes de l’époque, depuis que le khalife Harûn Al Rachid avait ordonné l’acquisition de manuscrits de l’Inde et leur traduction du SANSKRIT en Arabe par des médecins indiens comme KANKA.

2 – Le plus célèbre de tous les médecins de cette époque, ABU BAKR MOHAMED IBN ZAKARIYA AR RAZI dit RAZES, le « Galien » des Arabes, est né en 865 dans la ville de Ray en Perse, il meurt en 926. C’est un élève d’AT-TABARI. Il est un des plus illustres médecins musulmans et un des plus féconds.

Il est Médecin Chef de l’hôpital de Ray en Perse puis du grand Hôpital BÎMARISTAN de Baghdad dont il choisit l’emplacement avec un soin tout particulier.

Mort en 926, il laissa selon AL BIRUNI, plus de 184 traités médicaux et des dizaines d’opuscules. S’il est Persan par sa naissance et sa langue maternelle, il est arabe par la langue qu’il utilise, la culture qui est la sienne et qu’il va illustrer, Son Traité le plus connu fût sans conteste celui de la rougeole et de la variole traduit et retraduit en Europe, à Londres en 1776, et republié par la Société Sydenham en 1848, sous le nom de « PESTILENTIA » et resta longtemps une référence en matière d’épidémiologie et de connaissance en infectiologie. Son Traité de la « pierre » ou Lithiase Vésicale et rénale fût traduit à LEYDE, ainsi que ses autres grands et très célèbres traités comme le Mûlûki (le Royal) le Hawî ou « CONTINENS » le COMPENDIUM, (DIAMÎ) LE « LIBER-AL MANSORIS » ou AD-MANSOREM, (KITAB AT’TIB AL MANSÛRI), tous traduits en Europe en 1489, 1512, etc…

LE « CONTINENS » (KITAB AL HAWI) est une oeuvre grandiose hérissée de difficultés, et dont la masse a effrayé les copistes. Le nombre des livres qu’il contient varie selon les sources. Le Firhirst lui en attribue 12, la traduction latine 25 ; c’est aussi une oeuvre posthume enrichie par les élèves d’AR RAZI d’après ses notes inachevées, ses observations et les papiers rassemblés après sa mort. Il rapporte les cas cliniques les plus intéressants : à côté de nombreuses observations personnelles, de diagnostics originaux des fièvres palustres, des néphrites, des lithiases, des pyélites, figurent de précieuses indications thérapeutiques et des éléments pronostics établis avec une sûreté et un don d’observation d’une grande précision. Il fut le promoteur d’un véritable enseignement permanent de la Médecine soulignant l’importance de l’Environnement et organisa la première structuration hospitalière arabe à Baghdad y incluant des Elèves, des Assistants, des consultations externes et aussi des soins à domicile, une aide médicale aux nécessiteux. Médecin d’expérience et grand novateur il introduisit la méthode clinique dans l’Art Médical dans le soin qu’il prenait dans l’interrogatoire minutieux des malades, l’importance qu’il attachait à la symptomatologie, les déductions diagnostiques et thérapeutiques qui en découlaient. Très critique des anciens, il oeuvra pour l’avenir de la Médecine. Aujourd’hui encore de grandes lacunes restent à combler pour situer encore mieux son génie et son apport toujours actuel de grand médecin universel. Mais la destruction de la Bibliothèque de Baghdad avec l’entrée des Mongols de Hulagu en 1258 a causé à toute l’humanité d’irréparables pertes.

3 – « HALY ABBAS » ou Ali Ibn El Abbas AL MAJÛSI

(982) est le troisième personnage de la tétralogie des grands Médecins Arabes d’origine Persane. Sa grande oeuvre, KITAB EL MALAKI fût dédié au Roi ‘ADHUD-EDAWLA célèbre Emir Bouyide du Xème siècle. Son KITAB Al Kamil Fi Tib, complète le Malaki (Livre Royal).

Ce fut un ouvrage d’une grande popularité, et un thesaurus splendide contenant en plus une très riche sémiologie (fièvre, dyspnée, expectoration, inspection, palpation, etc…), de très nombreuses références Hippocratiques, ainsi qu’une critique de GALIEN, de Paul d’Egine, d’Oribase et aussi de JOHANNITUS à qui il reproche une méthodologie inadaptée et des ignorances anatomiques. Il est un des tous premiers médecins, avant Avicenne, à faire référence à la psychopathologie et à la démence. Il y établit les rapports entre le coeur et la respiration mentionnant les diastoles et systoles, l’aspiration de l’air et le refoulement de l’Air Vicié. Il découvre la circulation capillaire.

Cet ouvrage qui embrassait toutes les sciences et la médecine de son temps ne fût supplanté par la suite que par le Qanûn (cânon) d’Avicenne. Son oeuvre a longtemps figuré aux programmes des Ecoles de Médecine en Europe sous le nom de CONSTANTIN.

IBN-SINA (AVICENNE) 980-1037 est le dernier et le plus célèbre de notre tétralogie. ABDULLAH IBN SINA dit AVICENNE, fut le vrai génie de la médecine, de la science et de la philosophie Humaniste Arabe. Né en 980 à BOUKHARA ; toute sa vie se déroule en Perse entre Rayy, Ispahan et Boukhara. A l’âge de 10 ans, il connaissait le Coran par coeur ainsi les Hadiths. A 16 ans, il achevait ses études de Droit, de mathématiques d’astronomie et de philosophie et connaissait Porphyre et Plotin, Euclide et Ptolémée, il s’oriente vers la médecine. A 18 ans, sa réputation de Médecin est telle qu’il est appelé à soigner le Prince Royan NÛH IBN AL-MANSOUR traduit en 1953. Parmi ses autres oeuvres citons son « MEDJMOU » (compendium) de philosophie l’HASSIL WAL MAHSSOUL : Bilan et résultat en 20 volumes ; KITABU-L-BIRR-WAL-ITHM : Vie de la vertu et du Pêché… Et eût accès à la bibliothèque du Palais. A 21 ans, il perd son père. Soignant l’Emir avec dévouement il fût nommé Premier Ministre. Il introduisit pour la première fois comme méthode, la connaissance psychologique des malades et des aptitudes deviennent remarquables dans la plupart des domaines médicaux, y compris la psychiatrie où il excelle. Son oeuvre colossale est universelle. Après une vie de travail acharné, il meurt à l’âge relativement jeune de 58 ans.

Grand Encyclopédiste, il publie plus de 450 ouvrages dont 240 nous sont parvenus : 150 traités philosphiques, 40 livres de Médecine, 50 oeuvres littéraires ou scientifiques.

Son ouvrage le plus célèbre fût le « KTAB-AL QUANÛN EL-TIB », ou « CANON » ainsi que d’autres grands traités. Le QANÛN, traduit en Latin par Gérard de CREMONE, au XVIème siècle, imprimé à Venise en 1493, à Naples en 1544, à Rome en 1593 ne contient pas moins d’un million de mots. Il a une place unique dans les lettres médicales du Moyen Age. Il est composé de 5 grands Traités de pathologie, pharmacologie, thérapeutique, d’anatomie, de sémiologie et de galénique, un Traité des Cordiaux (AL ADWIYAT-AL-QALBIYA).

Nous connaissons son KITAB ACH-CHIFA (livre de la guérison), son KITAB au Nadjae (Livre du Salut) résumé du précédent, le KITAB-AL-ICHARAT-WA-TANBIHAT (livre des prescriptions et des indications), de que son FISSALATU FIL HUDUD : article ou Etude des limites (Prévention ?). ALABDAN-AL INSANIYA.

Après le CANON son autre Traité médical fut URDJUZA FI-TIB le MANDHUMA (CANTICA), précis de Médecine écrit en vers. Le KITAB ACH-CHIFA (livre de la guérison des âmes) est une immense encyclopédie dont le contenu philosophique n’est pas éloigné de l’ORGANON d’Aristote. Tous ces ouvrages furent traduits dans la plupart des langues Européennes et la base de l’enseignement de la médecine occidentale durant VI siècles.

4 – Floraison des autres Ecoles

Tous les grands médecins arabes ne pouvant être cités dans ce travail, nous indiquerons seulement les Grandes Ecoles de Médecine Arabe ou de langue Arabe.

Nous avons vu :

– L’Ecole d’ISPAHAN avec IBN SINA (1039)
– L’Ecole de CHIRAZ avec IBN ABBAS AL MAJUSI (994)

d’autres Grandes Ecoles Contemporaines de celles de Baghdad fleurirent également :

– l’Ecole de Damas avec AL BAGHDADI et IBN AL MUTRAN

– L’Ecole au Caire illustrée par IBN AN NAFIS (1238) et l’Historien de la Médecine IBN ABI USAYBI’A (1270).

– L’Ecole de Kairouan

– Avec le célèbre ISHAQ IBN IMRAN (907) connu par son Traité de la Mélancolie.

– Et IBN AL JAZZA.

Dans l’Espagne Omeyade (à partir de 738), les khalifes Abderrahmane III et Al Mostancer accordèrent aux savants, écrivains, médecins artistes et philosophes une grande place dans la civilisation d’AL ANDALOUS.

– L’Ecole de Cordoue, de Tolède, Séville, et de Saragosse connurent de grands Médecins tels AZ-ZAHRAOUI (936-1016), le fameux ABULCASSIS dont nous parlerons.

. IBN-ZUHR (AVENZOAR) (1091-1162)

. IBN-RUSHD (AVERROES (1198)

. Plusieurs médecins juifs dont Maïmonide (Moussa Ibn MAIMOUN).

AVENZOAR (IBN ZUHR) fut le précurseur de la médecine expérimentale ; découvreur du traitement de la gale, d’autres dermatoses et d’une riche pharmacopée arabe. Il est l’auteur d’un excellent Traité d’Enseignement de la Médecine, de Thérapeutique et de Diététique.

IBN RUSHD (AVERROES), célèbre par ses commentaires sur Aristote décrivit la fonction rétinienne et analysa les glaucomes, attaqué pour ses positions Aristotéliciennes. Il signala, en grand précurseur des principes médicaux, des cas originaux de méthodes thérapeutiques comme son observation de cas d’immunisations post varioliques préfigurant la vaccination. Un de ses principaux ouvrages, le « COLLIGET » (AL-KULIYAT) est une oeuvre considérable divisée en 7 livres d’études médicales classiques dont une belle introduction à la Physiologie et qui fût enseigné officiellement dans les facultés et Ecole de Médecine occidentales jusqu’au XVII et XVIII ème siècles.

ABDUL QUASSIM AZ-ZAHRAWI dit ABUL CASSIS (936-1016) contemporain d’Avicenne « AL BUCASIS » OU ALSAHARAVIUS (comme IBNU-L-WAFID dit ABEN GUEFIT) est né à Tolède et fût le plus grand chirurgien musulman. Médecin à Cordoue, il est l’auteur d’une Encyclopédie illustrée (La Pratique) ou TASRIF en trente volumes. Ses inventions en instruments (200) dessinés avec précision, on découvre : des bistouris, des ciseaux, des sondes, des stylets, des cathéters, otoscopes, abaisse langue, trépans, spéculums, scies, attelles, le catgut pour les sutures avec aiguilles, et les ligatures vasculaires, les varicotomies chirurgicaux restent très remarquables dans les domaines de l’orthopédie, du traitement des lithiases et de la chirurgie générale, obstétricale et urinaire. Il serait pense-t-on, l’incision d’abcès chauds, les Paracentèses, le morcellement des amygdales, le traitement des fistules et des paquets hémorroïdaires. En obstétrique les versions furent déjà pratiquées.

On en peut oublier parmi beaucoup d’autres médecins, le célèbre IBN PASHA dit AVENPACE né en 1138 à Saragosse, encyclopédiste de renom et auteur de nombreux Traités et commentaires sur l’Anatomie de Galien, la pharmacologie, la thérapeutique. Les propriétés Aconit (BISH) toxique et thérapeutique y sont décrites, celles de la Rhubarde, du casse séné et même de l’Eryot de Seigle (QURUN ASSUNBUL) étaient connues.

Enfin Moussa IBN MAIMOUN dit MAIMONIDE (1135 mort en 1204 au Caire) grand Philosophe Juif Andalou qui fût également médecin de Saladin. Ses Traités de médecine écrits en Arabe furent tous traduits en hébreu et en latin. Avec Averroès son influence fût grande sur Montpellier où une Ecole de Médecine célèbre reste jusqu’à nos jours porteuse de cet héritage arabe médical. Il est l’auteur du serment qui porte son nom, et qui garde une grande actualité sur le plan éthique et déontologique.

Terminons avec IBN AN NAFIS, le Grand Médecin et anatomiste musulman de cette époque : (ALA ADDIN ABOUL HASSAN AL QUOREICHI).

EN CONCLUSION

Dans l’Islam le Médecin est considéré comme porteur à la fois d’une science étendue et d’une sagesse profonde et d’une morale élevée. Cette morale découle elle-même de l’observance stricte des règles que Dieu a édictées en matière de comportements sociaux (entraide, solidarité charité, soulagement des souffrances) et en matière d’acquisitions des connaissances : humilité du savant devant la science infinie de Dieu, accession à la connaissance par la raison, l’observation, l’expérience et aussi et surtout la prière demandant à Dieu d’augmenter la science du savant pour le bien de l’humanité. Avicenne dit l’homme de science est comme le soleil, il brille pour lui-même et pour les autres. Le grand Al Ghazali a dit également les veillées polissent le coeur comme le miroir dont on ôte les scories afin que dans sa lumière il puisse refléter les lumières de la connaissance vraie. Ces exigences spirituelles investissent le médecin d’un rôle considérable dans la société musulmane plus qu’un simple thérapeute ou un confident, il est celui qui dit la science, la vérité en tant qu’intermédiaire de cette science et de cette vérité, laissant l’ultime décret à Dieu qui détruit la vie, la maladie, la guérison ou la mort (Sourate : Tabark 67). Gloire à celui qui détient entre ses mains la royauté, il est omnipotent. Lui qui a créé la vie et la mort afin de vous éprouver, qui de vous est le meilleur dans ses actes.

Les médecins musulmans aujourd’hui bénéficient en plus de leurs excellentes formations dans leur pays ou à l’étranger des apports considérables et récents de la pensée religieuse renouvelée en matière de bioéthique.

L’irruption du progrès médical devait comme un fleuve impétueux de nouvelles connaissances et de nouveaux pouvoirs sur l’homme, bousculer l’énoncé des doctes traditions et induire une nouvelle méthodologie dans l’interprétation des dogmes. Notions de bien être moral ou social, notion d’intérêt communautaire ou général, nouvelle réflexion sur le bien ou le mal, le licite ou l’illicite, extrapolation, et analogie, consensus ou effort spéculatif, ont suivi de près le progrès des sciences médicales et mis à la disposition des médecins une véritable bioéthique musulmane. P.M.A. génie génétique, diagnostic prénatal, soins palliatifs, ont bénéficié de la réflexion religieuse des grands autres universitaires du monde musulman (Al Azhar Al Zeitouna, Al-Qarawiyûn, Alger, Riyad) donnent des Fetwa au même titre que les grands congrès internationaux des savants musulmans.

Dr. Dalil BOUBAKEUR : Recteur de l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris

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