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Journée nationale de lutte contre le cancer

« Dans l’Islam la vie humaine est sacrée. C’est Dieu qui donne la vie, c’est Dieu qui la retire » (Coran 57 El Hadid).

L’être humain est en effet créé, anobli et investi par Dieu d’un statut particulier en tant qu’agent suprême de sa volonté, dépositaire d’une parcelle de son esprit, responsable de sa volonté. Ce principe porte obligation de protéger la vie et de ne point lui porter atteinte :

Coran V-32 (Al Maïda) :

« Celui qui tue une vie innocente de meurtre ou d’ignominie sur terre, c’est comme s’il avait tué tout le genre humain, Quiconque sauve une vie est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes ».

La vie est un don de Dieu et il est fait obligation à l’homme de la préserver spirituellement mais aussi dans son corps et dans les soins appropriés en cas de maladie. Ces soins sont une obligation religieuse qui découle du Coran (41, 21 Fussilat).

En effet à la résurrection il y est dit que les « corps parleront » car Dieu les fera parler :

« Ils diront à leurs peaux « pourquoi avez-vous témoigné contre nous ? Elles diront, « c’est Allah qui nous fait parler, Lui qui fait parler toute chose. C’est Lui qui vous a créés une première fois, c’est vers Lui que vous Retournerez » (41 – 21).

La mort est inéluctable et son terme n’arrive que par décret divin : « Ne tuez point la vie que Dieu a rendue sacrée (17 – 33) (HARRAMA). « Chaque âme goûtera la mort c’est seulement le Jour de la Résurrection que vous recevrez votre Rétribution, la vie présente n’est que jouissance trompeuse » III – 185.

De cette obligation de protéger la vie jusqu’à ce que Dieu la reprenne, dérivent :

1°) – Le respect de l’intégrité du corps humain, de sa dignité ;

2°) – L’interdiction formelle de pratiquer l’Euthanasie, le suicide ;

3°) – La recommandation des soins généraux jusqu’au terme de la vie.

L’Ethique Islamique veut en effet que « Toute maladie vient de Dieu et qu’à toute maladie est prévue son remède ».

Aux confins de la vie et de la mort la science médicale, ne peut qu’accomplir le dessein de Dieu mais ne peut ni reculer ni l’avancer un terme inéluctable. Force est d’avouer notre ignorance dans ces limites du connaissable et de s’en remettre à Dieu, puis informé (« Allahu-a’lam ! »)

Pour le médecin, instrument de cette volonté et support d’une infime partie de la Science infinie de Dieu, la noblesse de son art et la justification éthique de sa pratique sont d’assister, de soulager et de compatir à la souffrance d’un patient, notamment dans ces états extrêmes et vacillants où la vie lutte contre la mort.

Les éléments de cette lutte sont de nature complexe, autant physiologiques que psychologiques et spirituels. Il n’est plus supportable pour personne et encore moins pour les familles de laisser un agonisant à ses douleurs physiques ni à ses souffrances morales. Les soins à domicile étaient une première tentative de prise en charge médicalisée des symptômes et du cheminement psychique du malade à la fin de sa vie.

Cependant il est apparu qu’une telle prise en charge, pour qu’elle soit valable, nécessitait une structuration à multiples intervenants : médecins, spécialistes divers, biologistes, infirmiers sans compter un appareillage sophistiqué de surveillance permanente. Ceci pour la partie médicale.

Parallèlement la présence familiale devait s’intégrer dans ce système et des conditions nouvelles ont vite dû nécessiter l’organisation rationnelle d’unités de soins palliatifs.

Cette « approche globale », si elle remonte aux années 70 avec les travaux de Cicely Saunders à Londres, puis au Canada, aux USA… a vite montré son étendue mais aussi ses limites. Si en effet elle a dû largement se positionner aux stades précoces d’apparition des symptômes létaux, elle a démontré que cette prise en charge nécessitait une infrastructure polyvalente qui allait bouleverser bien des attitudes médicales, et techniques voire économiques.

C’est l’émergence d’une conception humaniste, éthique et spirituelle du respect de la personne humaine faisant elle-même redécouvrir le sens vrai de la médecine, qui remet régulièrement en question ses bases éthiques et déontologiques à mesure de ses progrès technologiques.

Cancer et Sida ont indiscutablement induit cette remise en question de l’attitude du médecin, de sa responsabilité face aux stades terminaux de la vie, des lors que le diagnostic précoce de ces maladies annonçait ispo facto un pronostic mortel, une prévision de souffrance, ainsi que de graves atteintes psychologiques.

La meilleure connaissance du comportement psychologique du malade fondée sur une écoute attentive productrice d’actes utiles et intelligents doit accompagner la vie jusqu’au terme de la logique rationnelle et non se borner aux chimères de l’acharnement thérapeutique d’antan ni aux dérives interdites de l’Euthanasie, même souhaitée par le malade.

En Occident, en effet, 70 % des décès ont lieu aujourd’hui à l’hôpital. L’attitude purement techniciste du médecin aboutissant à des soins qui dépersonnalisent le malade, dans un acharnement thérapeutique sans espoir rompant toute relation médecin-malade est hors de mise aujourd’hui.

L’Euthanasie religieusement interdite est moralement insoutenable. Aucune religion, et l’Islam encore moins, ne s’associeront à de tels concepts. Porter la mort à un patient ou hâter sa fin, est une attitude et condamnée par la morale et la religion.

Le Médecin Arabe Hunayn IBN ISHAQ, élève du grand médecin Al MASWAIHI (le Mésué Médiéval) proclama :

« Ma science ne porte que sur les substances bénéfiques ; je n’en ai pas étudié d’autres. Je refuse de préparer un poison mortel en raison de la religion qui m’enseigne qu’il faut faire du bien à son prochain et à plus forte raison à ses proches. Quant à ma profession, elle a été instituée pour le plus grand bénéfice de l’humanité dans le but exclusif de guérir et de soulager.

En outre, comme tous les médecins, j’ai juré de ne donner à personne de substance mortelle ».

Ce 1er serment médical arabe après Hippocrate replace l’éthique bio-médicale dans ce qui allait devenir le rayonnement médical Arabe de Baghdad, dès le khalife AL MOUKTADIR, des Ecoles d’Ispahan avec Avicenne, du Caire, de Kairouan (ISHAQ IBN IMRAN 907) de Cordoue (Maïmonide, Averroes, Abulcassim) etc… Ces bases éthiques fondatrices de l’esprit véritablement scientifique en Terre d’Islam maintiennent jusqu’à nos jours le principe de la connaissance qui, alliant la Foi éclairée la science, a permis cette démarche consciente et responsable qui laissa s’épanouir notre civilisation.

C’est la formation technique et humaniste qui doit présider désormais à la performance des équipes de soins palliatifs. L’humanisme philosophique inclus dans la pensée religieuse de l’Islam fait de chaque être humain un cas unique sauvé par la foi, et sa conscience de ce qu’il est et de ce qui l’entoure, dans un rapport dialectique qu’il ne faut jamais rompre.

La mort elle-même si occultée dans les sociétés occidentales au point d’en faire, un tabou, doit, sinon « s’apprivoiser » du moins sortir du cadre limité où seules les religions pouvaient agir et en parler. La médecine doit elle-même l’affronter, non en terme de défi ou d’échec, mis dans une réflexion et une approche qui tiennent compte au minimum, des représentations et des aspirations spirituelles de chaque mourant.

Dans les sociétés traditionnelles, et chez les musulmans en particulier, la proximité de la mort est entourée d’une présence affective de l’environnement familial qui manifeste sa sollicitude et ses soins dans ces instants solennels, ritualisés.

La religion s’y manifeste par l’invocation divine, la Chahada qu’on fait répéter sans cesse par le mourant ainsi que la récitation de quelques versets coraniques particulièrement la Sourate Ya-sin si l’agonie se prolonge. Ya-sin 36-12 : « C’est nous qui ressuscitons les morts et écrivons ce qu’ils ont fait pour l’au-delà ainsi que les conséquences de leurs actes… »

D’autres sourates et versets coraniques sont récités (V. du Trône…) afin de donner à ces instants toute leur solennité et spiritualiser ces derniers instants afin de diminuer l’angoisse et fortifier le mourant dans sa voie vers l’au-delà. Coran 55-26 : Tout périt sauf sa face… »

C’est ainsi qu’il apparaît fondamental d’associer familles, médecins et religion dans les soins terminaux. L’angoisse tout autant que la douleur doivent être prises en considération par des recours appropriés. Améliorer le cadre de vie, la communication c’est veiller au statut du mourant en tant que personne humaine dans le respect de sa dignité, de son identité. L’accompagnement du mourant demeure une attention vigilante, une disponibilité permanente et un tact doublé si la personne est lucide. Solidarité et soutien doivent s’exprimer à chaque demande.

Coran S. 39 – 42 : « Dieu reçoit les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. Il retient celle à qui Il a décrété la mort, tandis qu’Il renvoie les autres jusqu’à un terme fixé. Il y a certainement là des preuves pour des gens qui réfléchissent ».

L’assistance religieuse :

La conception du terme de la vie par le musulman est faite d’une intense méditation sur le sens de la vie terrestre, d’un stoïcisme calme et soumis à l’abandon de la vie à quoi le croyant se prépare durant tout son parcours terrestre.

En effet, toute la vie du croyant musulman est une longue préparation de la vie future, et la mort n’est envisagée que comme un passage nécessaire, obligé vers un au-delà qui est une promesse, et une espérance, de jugement et de rétribution.

Dans le Coran il est indiqué que la vie future est « meilleure que celle d’ici-bas », de plus la vie terrestre est présentée comme un mirage éphémère par rapport à la vraie vie qui est celle de l’au-delà ; le musulman croyant l’envisage donc avec confiance, soumission à cette Loi voulue par Dieu doit perdre de ce fait son caractère dramatique, pénible et insupportable pour le désespéré. La formation des équipes de soins palliatifs doivent donc se familiariser avec la représentation de la mort chez le musulman : ce passage naturel d’une vie dans l’autre, (bien meilleure) est promesse de miséricorde divine selon le verset coranique :

Al Fajr 89 – 28 : O toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur satisfaite et agréée, Entre donc parmi mes serviteurs, Entre dans mon Paradis ».

L’entourage d’un mourant doit fortifier l’âme inquiète et l’angoisse perceptible du patient en l’assistant, en le traitant avec humanité et en considérant que les nécessités biologiques de son organisme ne doivent en aucun cas être négligées. Soins, hygiène corporel, soutien psychologique, rappel discret et par allusion de ses principes religieux sont destinés à préparer le mourant à une fin humainement supportable et spirituellement expliquée. Dans ce sens, les soins palliatifs sont : un devoir suprême du médecin et du personnel soignant, car la perception spirituelle et sensitive de son environnement par le patient doit être une préoccupation constante primordiale.

Le droit du mourant est avant tout un droit au respect de ses derniers instants. L’Islam leur accorde une extrême importance et tout musulman se prépare à les affronter par une connaissance intuitive de ce qu’il aura à faire : en premier lieu, il se soumet et se recommande à la volonté divine et à sa miséricorde.

Dieu seul peut pardonner et le bilan de la vie peut inciter le mourant à un bilan d’infini repentir et Il est dit dans le Coran : « Celui qui fait un atome de bien le verra et celui qui fait un atome de mal le verra ».

Nous recommandons fermement l’assistance d’un aumônier musulman (Imam) ou à défaut, d’un musulman informé en la matière afin de procéder aux obligations rituelles.

Arrivé aux affres de l’agonie, le musulman doit avoir bon espoir en son Seigneur qu’Il lui accorde sa miséricorde, lui épargne la souffrance, rachète ses péchés et console sa détresse. Dieu est indulgent et pardonneur. Sa grâce infinie s’étend à toutes choses.

Le Prophète (SAWS) dit :

– Que l’un de vous ne meure qu’en étant soumis à Dieu (Moslim).

IHTIDHAR :

Tout musulman présent à l’agonie de son frère est tenu de lui souffler la formule de la foi : « LA ILLAH ILLALLAH (il n’y a de Dieu q’Allah) pour qu’il s’en souvienne et la prononce.

Dès qu’on l’entend la répéter on cesse de lui redire. S’il tient d’autres propos, alors on la lui rappelle de nouveau dans l’espoir qu’elle soit son dernier mot ici-bas, pour accéder au Paradis.

Le Prophète (SAWS) dit :

– Rappeler à vos mourants, à leur dernier moment (la formule de la foi) :

« Il n’y a de Dieu q’Allah »

– Celui dont les dernières paroles seront : Il n’y a de Dieu qu’Allah, ira au Paradis (Ahmed).

Quand les signes de la fin se manifestent, on doit orienter le moribond vers la Kaaba (Mecque).

Quand l’agonie se prolonge, on lit auprès de l’agonisant la sourate : 36 – Ya’Sin, dont l’effet bénéfique est d’abréger la souffrance.

Le Prophète dit :

« Récitez Ya’Sin à l’intention de vos morts ».

La soura 93 (Ad-Duha) : « Par le jour montant, et la nuit quand elle recouvre tout ! Ton Seigneur ne t’a ni abandonné ni détesté. La vie dernière est meilleure pour toi que la vie présente. Ton Seigneur t’accordera ses faveurs et tu seras satisfait… »

EN RESUME :

C’est à la fin de la vie que chaque être humain fait consciemment ou inconsciemment le bilan de ses actes et de sa foi. La perspective de la mort doit être remplacée dans le cadre de la croyance de chacun et une exaltation du sentiment religieux peut dès lors se manifester par une demande de soutien. C’est une phase où le respect de la personne, de sa dignité doit avant tout briser l’isolement du mourant, et la prise en compte de sa détresse ne doit plus s’aggraver par l’habituelle « Conspiration du silence » pratiquée autour de lui.

Une médecine globale et multidisciplinaire doit soulager la souffrance tant physique que morale et psychologique, ménager avec sagesse les longues phases silencieuses de réflexion du malade avec lui-même et la transcendance : beaucoup d’entre-nous ont ressenti profondément que des mourants étaient déjà « ailleurs », tout prêts à rendre leur âme à Dieu et que certains soins dès lors devenaient inutiles dans cette ataraxie où l’homme se prépare alors à affronter le passage mortel, avec calme et sérénité.

Coran Al Imran III 27 : « Tu fais pénétrer la Nuit dans le Jour et Tu fais pénétrer le Jour dans la Nuit ;Tu fais sortir le vivant du mort et Tu fais sortir le mort du vivant et, sans compter, tu donnes Rétribution à qui Tu veux… »

Coran 55 – 26 – 27 : « Tout périt sauf sa face… » Soins palliatifs et religion doivent aider le mourant à un nouveau recommencement.

Dr. Dalil BOUBAKEUR : Recteur de l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris

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